Qui l’aurait cru ? Ce petit bijou dans un écrin
haussmannien, ce palais-musée avec ses salons d’époque et son lit à baldaquin,
malgré ses cordons et autres écriteaux « ne pas s’asseoir », malgré
ses parquets cirés hostiles aux poussettes, accueille volontiers les enfants,
les invite même à jouer ! Pendant les deux semaines des vacances d’hiver,
mais aussi pendant tout l’été, le musée organise chaque après-midi une visite
adaptée aux enfants, qui est suivie d’ateliers encadrés par la conférencière.
Et ce non-rejet des enfants – poussé jusqu’à l’extrême à
Jacquemart-André, puisque vous pouvez même y organiser le goûter d’anniversaire
de vos bambins (les friandises sont-elles servies dans de la porcelaine
fine ? le fantasme reste entier, quoiqu’on frise le snobisme !) –,
cette ouverture aux familles se sent dès l’entrée : tout le monde, même le
vigile qui contrôle votre sac, salue gentiment les enfants ; à la
billetterie, le carnet de parcours ludique vous est tendu spontanément par la
vendeuse, sans que vous ayez à le réclamer, et alors même que vos enfants n’ont
pas l’âge indiqué (7 ans et plus) ; dans les salles, des sourires et
aucune angoisse, contrairement à certain musée « à-cordons-pour-protéger-les-meubles »
(Carnavalet pour ne pas le nommer) où votre enfant est guetté de salle en
salle, comme une bombe prête à exploser, et réprimandé quand il touche le fameux
cordon ; même au café, plutôt archi-chic, où nous avons pris le goûter
post-visite, les serveuses étaient aimables avec notre aînée, et ne semblaient
pas la regarder comme un danger pour leur vaisselle ou pour le silence du lieu.
Bref, un zéro faute !
Après un petit tour dans cette incroyable maison-musée, nous
avons suivi une conférencière pendant une bonne demi-heure dans un parcours qui
comprend presque l’intégralité des pièces à visiter. Je ne sais si cela doit
être imputé au fait que la troupe enfantine était ce jour-là exclusivement
féminine, mais je dois dire que la conférencière a donné à sa visite un tour un
peu trop « girly » à mon
goût : portrait d’Edouard André à admirer, robe de bal imaginaire à enfiler
comme les invités (près de 1000 parfois !) qui venaient danser dans ces
salons, miroir où vérifier ses atours imaginaires, c’était parfois mignon,
parfois carrément cucul et inutile. Cela mis à part, elle a su pointer des
détails amusants (une horloge rectangulaire, des murs amovibles), mais aussi apporter
des informations importantes sans qu’on ait l’impression de suivre un cours. En
interrogeant habilement les enfants, elle leur a, mine de rien, fait observer
les tableaux les plus célèbres du musée : le Portrait de
Françoise-Renée de Canisy, marquise d'Antin, de Jean-Marc Nattier,
disposé stratégiquement dans l’antichambre ; le Saint Georges
terrassant le dragon de Paolo Uccello (avec un résumé de l’épisode et quelques
indications sur la valeur symbolique du dragon) ; et Les pèlerins
d’Emmaüs de Rembrandt, où les enfants sont amenés à observer le travail
de l’ombre et de la lumière. Bref, une visite vivante et intéressante,
habilement menée, puisqu’elle fait traverser l’intégralité du musée aux
enfants, sans les faire piétiner, mais sans oublier non plus de les instruire.
Ensuite, vient la partie récréative : les ateliers !
Autour d’une grande table carrée installée dans le cadre charmant du jardin d’hiver,
les activités proposées sont variées, adaptées aux différents âges : notre
aînée, quatre ans, s’est jetée sur les coloriages, nombreux et variés, puis a
créé une construction avec des Kapla, avant de laisser parler sa créativité
avec des pastels secs et du papier crépon ; des pochoirs (ou plutôt
formes-contours) permettent aux petits comme aux grands de dessiner à partir
des tableaux du musée (dame dansant ou portrait d’homme), deux chevalets étant
mis à la disposition des plus grands ; d’autres ont joué au memory ou fait
des puzzles – toujours autour des œuvres du musée. Quelques coussins forment un
coin lecture où les parents peuvent feuilleter des livres d’histoire de l’art
adaptés aux enfants. Enfin, cerise sur le gâteau, des déguisements imitant les
costumes des personnages présents sur les toiles du musée peuvent être enfilés
pour une séance de pose dans une boîte-cadre : se faire tirer le portrait
en robe de grande dame ou en costume de velours, qui pourrait résister ?
Du 20 février au 6 mars puis du 1er juillet au 31 août.
Tous les jours, de 14h30 à 17h30 (visite à 14h45).
Pour les enfants de 4 à 12 ans.
12 euros pour les parents, gratuit pour les enfants (visite libre ou ateliers).
Poussette non autorisée dans le musée, pour les plus petits prévoir un porte-bébé.
Pas d'espace goûter dans l'espace du musée, mais un café se trouve juste avant l'entrée. Sortie provisoire autorisée.
J'aimais déjà beaucoup ce musée, y lire de si beaux éloges me confortent dans l'envie d'y retourner.
RépondreSupprimerTant mieux, c'était le but !! Un conseil : si tu veux voir le musée Jacquemart-André pour lui-même, évite les périodes d'expositions temporaires, où les visiteurs affluent en très grand nombre apparemment. Attend cet été : tu auras les ateliers enfants en prime !
SupprimerCela ne m'étonne pas de Jacquemart-André (où j'ai travaillé)!
RépondreSupprimerSabine
Mamusee.fr