mardi 12 avril 2016

Princes et princesses – épisode 1

(Châteaux de la Loire – une sélection)

À en croire les affiches que l’on peut lire ces derniers temps dans les couloirs du métro, il est temps de penser à organiser vos vacances d’été, si ce n’est déjà fait. Une série de publicités en particulier m’a donné envie de me replonger dans mes souvenirs (et dans mes photographies) du mois de juillet dernier, où nous avions passé dix jours à rayonner aux environs de Tours. On y voit un enfant et un chevalier, sur fond de château de Chambord ; l’image et le slogan sont clairs, les enfants sont les bienvenus à Chambord et dans les châteaux du Val de Loire, notamment dans ceux qui portent l’estampille des P’tits curieux (1). Un label qui exploite un a priori positif associé aux châteaux de la Loire, où les enfants retrouvent un imaginaire familier, celui des chevaliers et des princesses.

Nous-mêmes, c’est bien en pensant que cet imaginaire et ses décors de conte de fée enchanteraient nos enfants (tout en satisfaisant le besoin de visites culturelles de leurs parents), que nous avions choisi cette destination. L’été dernier, avec notre aînée qui avait alors 3 ans et demi, et la petite qui n’avait même pas six mois, en voiture ou en train, nous avons fait voyager dans le temps poussette et porte-bébé en visitant sept châteaux bien différents. Je vous propose ici notre sélection, en forme de palmarès inversé, des plus connus aux plus ludiques.


Chenonceau, Chambord, Amboise : oh les beaux décors !



Car si leur architecture ou leur cadre sont propices à l’imagination et nous plongent d’emblée dans un univers mi-historique mi-féérique, les châteaux où les foules de touristes affluent ne sont pas nécessairement ceux qui font le plus d’effort pour conquérir les enfants (sans doute parce qu’ils n’en ont pas besoin). Qu’on ne s’y trompe pas, je ne veux pas dire que notre grande n’a pas adoré visiter Chenonceau et Chambord ! Admirer les jardins à la française, parcourir les salles richement meublées (mais un peu trop étroites aux jours de grande affluence, surtout quand on conduit une poussette…) et traverser le Cher grâce au pont-galerie de Chenonceau, c’était pour elle devenir un personnage de conte : il fallait la voir avancer en tenant le devant de sa jupe à la manière d’une princesse ! Elle a également aimé se perdre dans le labyrinthe, seul élément ludique de la visite, caché dans le parc du château : ce dernier ne semble pas très étendu mais offre divers recoins charmants et agréables, devant lesquels les visiteurs passent souvent sans s’arrêter, comme le Jardin Vert, espace de calme isolé par de grands arbres, ou encore la cour de la charmante ferme du XVIe siècle, qui accueille la galerie des attelages (qui a plus intéressé notre fille que le petit musée de cire, bien plus fréquenté), et qui ouvre sur le Potager des Fleurs. Ce dernier, havre de paix où résonne le glouglou de petites fontaines, nous a menés, avant le départ, jusqu’au parc aux ânes, sympathique final champêtre, inattendu dans un tel cadre. Finalement, Chenonceau nous a au moins autant plu pour ses divers espaces verts (auquel il faut ajouter la promenade ombragée de l’autre côté du Cher) que pour l’opulente beauté de ses intérieurs.

L’extérieur n’est par contre pas le meilleur atout du château de Chambord : certes, son domaine est immense, et offre de multiples possibilités de grandes promenades, en vélo ou à cheval. Mais si l’on n’a pas la fibre sportive, il ne vous reste qu’une immense pelouse jaunie par la canicule, qui a pour avantage de permettre d’admirer les cheminées du château avec pas mal de recul. La magie de Chambord repose essentiellement sur son architecture facétieuse, des cheminées ciselées à l’escalier double où l’on peut se faire signe à travers de petites fenêtres. Un moment de jeu, comme l’est également l’exploration du toit-terrasse du château, avec sa forêt de cheminées et de tourelles – une architecture facétieuse, est-il besoin de le préciser, s’avère impraticable en poussette : prévoir un porte-bébé. À l’intérieur, à l’exception de quelques salles, règne le dépouillement des murs de pierre et de leurs ciselures. Les toiles d’un artiste contemporain inspiré par la figure de François Ier ornent (ou défigurent, c’est affaire de goût) certains de ces murs trop nus. Qu’importe ! Le décor est splendide, et quel plaisir de le retrouver ensuite avec notre fille en lui faisant découvrir l’onirique Peau d’âne de Jacques Demy !

Comme Chenonceau, Chambord n’a besoin de rien pour séduire et attirer les enfants et, à part quelques portraits de rois et reine où ils peuvent glisser leur joli minois, rien ne leur est spécifiquement destiné. Certes, Chambord propose plusieurs supports ludiques (payants, bien entendu) : un audio-guide ou audio-pad pour les enfants à partir de 5 ans, et deux livrets d’énigmes (à partir de 8 ans), l’un pour le château, l’autre pour l’extérieur – sans oublier des visites guidées ludiques et une chasse au trésor ! Mais un enfant plus jeune (ou dont les parents n’ont pas voulu alourdir le coût de leur visite) risque de se trouver un peu noyé dans le flot des touristes.

Car, en ces lieux archi-fréquentés que sont Chambord et Chenonceau, ou encore le château d’Amboise (qui, comme Chambord, offre un espace extérieur limité, mais une magnifique chapelle et de belles vues sur la Loire), l’enfant, tout émerveillé qu’il soit, est avant tout un touriste comme les autres, et le client idéal pour des boutiques à souvenir pléthoriques, qui font la part belle aux petits : votre enfant vous a suivi sagement à travers les salles du château, jouant gentiment à « cherchons la salamandre » ? Vous pourrez le récompenser avec un coloriage, un crayon customisé, une figurine ou, mieux encore, un accessoire qui le transformera en chevalier ou en princesse. Casques pour les garçons, couronnes (roses) pour les filles, boucliers et épées – pour les filles, existent en rose orné de fleurs, la maman féministe qui ne sommeille jamais en moi en grogne encore ! – vous trouverez tout le nécessaire pour transformer votre minot en héros de conte ou d’épopée. Un déguisement qui aurait donné un tour ludique à la visite si l’on avait pu l’acheter avant… Qu’à cela ne tienne ! C’est armée de son épée et casquée comme une vraie chevalière (et oui, nous avons nous aussi cédé aux sirènes du commerce touristique) que notre fille a pénétré dans les autres châteaux que nous avons visités – la suite au prochain épisode !

(1) Le site http://www.coeur-val-de-loire.com/sorties-en-famille/ répertorie les visites et activités destinées aux familles et aux enfants dans la région ; voir notamment la rubrique « Histoire et culture » qui liste les livrets, parcours, visites ludiques et autres chasses aux trésors proposées dans les nombreux châteaux de la région (avec les âges concernés et un petit descriptif). À consulter pour choisir et programmer ses visites (à vue de nez, rien avant 3 ans, peu de choses avant 5-6 ans).

Crédits photographiques exceptionnels (sauf pour la 2e) : ma maman !

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