mercredi 26 avril 2017

Ciao Bambini !

(Milan, Pavie, Bergame)


Il est d'usage de dire que les Italiens adorent les enfants. Et ils sont effectivement prompts à s'attendrir devant une tête blonde : nous n'avons pu compter le nombre de caresses et tapottes qu'a reçues la tête de notre cadette installée (plus ou moins) sagement dans sa poussette lors de notre virée italienne de ce printemps (premier voyage à l'étranger à quatre, après une longue parenthèse de vacances françaises). L'aînée a elle aussi fait une belle récolte de sourires, surtout quand elle s'essayait à quelques "ciao" ou "grazie" (une passion pour les langues étrangères est née). Et nous avons eu lieu de nous féliciter de cet amour des bambini lors de notre passage à l'aéroport de Milan : pour la première fois, nous avons eu le droit de conserver notre poussette jusqu'au moment de monter dans l'avion (ce qui est vraiment appréciable quand bébé est tout petit, et, même quand il a grandi, pas désagréable pour poser sacs et manteaux) ; nous avons également profité de la file spéciale "familles" pour le passage des contrôles de sécurité (salutaire quand l'attente pour l'enregistrement a déjà bien énervé vos têtes folles), et lors de l'embarquement les familles étaient prioritaires, ce qui n'était pas le cas à Roissy avec la même compagnie. De petits détails à ne pas négliger dans le parcours à multiples étapes du voyage en avion en famille.

Alors, allez-vous me dire, les enfants sont-ils bien accueillis dans les musées italiens ? Eh bien, pas vraiment mieux qu'ailleurs, aussi inégalement qu'en France en tout cas, et moins bien que dans d'autres villes européennes que nous avons visitées - la palme revenant à Madrid, où l'accueil était plus que chaleureux pour notre aînée alors âgée de deux ans, sans oublier une mention spéciale à Stockholm avec ses parcs à poussette (même si nous n'y avons pas toujours trouvé le tout-pour-les-familles tant annoncé - c'est d'ailleurs dans les gares de Madrid que nous avons trouvé des tables à langer, et non en Suède, étrangement).

Mais ce qui m'a le plus frappé pendant cette courte semaine en Italie, c'est que la présence des enfants y étaient bien mieux vécue dans les églises que dans les musées. C'était presque comme si cette présence était évidente, normale, comme s'il n'y avait rien à remarquer d'inhabituel dans le fait que des enfants entrent dans des chapelles, cathédrales et autres basiliques. Les gens qui les croisaient adressaient à nos filles les mêmes signes amicaux que dans la rue ! Voilà une situation bien paradoxale : dans ces lieux consacrés, où un silence "religieux" est de mise, et manifeste le respect du visiteur pour le culte qui s'y tient, les enfants ne semblaient jamais considérés comme une menace contre ce silence, comme une nuisance sonore ; et c'est dans les musées, lieux normalement arpentés par les touristes (parfois groupés en troupes plus ou moins discrètes), que nous avons croisé des regards désapprobateurs, subi des "chut" désobligeants (et injustifiés) et senti dans notre dos la surveillance des gardes et l'attente de notre départ. Pourtant, nos filles ne se tenaient pas plus mal dans les musées que dans les églises : comme ce ne sont pas des statues de cire, elles parlent, et la petite, qui a tout juste deux ans, ne maîtrise pas toujours le volume de sa voix ; et elle a eu autant de crises d'indépendance dans les églises que dans les salles de musées. Pourtant, là, au milieu des autres touristes mais aussi des paroissiens venus prier en cette période particulière qu'est la semaine sainte, nul regard ne m'a donné le sentiment que j'étais une criminelle parce que j'avais osé entrer avec des enfants.

Je ne me risquerai pas à expliquer cette tolérance observée dans les églises italiennes - indifférence des touristes face à l'atmosphère sacrée des lieux de cultes, bienveillance des croyants qui perçoivent les églises comme des lieux de vie et non comme des mausolées figés dans un silence éternel, je ne sais. Ce qui me frappe, c'est le sentiment qu'aujourd'hui, ce sont les musées qui sont perçus par leurs visiteurs comme par leurs personnels comme des lieux saints, quasi mystiques, où le silence, voire le recueillement, est de rigueur. Combien de fois avons-nous pensé, mon mari et moi, dans divers musées, "mais nous ne sommes pas dans une église !", quand les regards ou réactions des autres visiteurs se faisaient clairement hostiles (et de façon injustifiée : je n'ai pas la prétention de croire que mes filles sont des anges, mais elles savent globalement "se tenir" dans les musées, elles ont appris les règles toutes petites -  ne pas toucher, ne pas courir, ne pas crier - et même si la plus jeune ne les maîtrise pas encore parfaitement, la plupart du temps elles les respectent) ! Il semble que la dimension sacrée qui autrefois s'attachait aux lieux de culte se soient transférée dans les lieux de culture (après tout, l'étymologie est la même !), pensés comme les lieux où se célèbre un savoir partagé par une communauté. Récemment encore, je lisais dans les commentaires qu'avait déchaînés sur Facebook un reportage sur la visite plus que houleuse d'une classe de banlieue au musée d'Orsay (1) les mots suivants, qui m'ont frappée : "un musée c'est comme une église c'est solennel (...), on y va comme à une prière". Inutile de vous dire que je ne suis pas d'accord (je n'étais pas la seule, dans le fil des commentaires, d'ailleurs). Pour moi, un musée est un lieu de promenade, de découverte, un lieu de vie, bref, tout sauf un lieu de silence recueilli. Tout sauf un lieu de culte, aurais-je dit. Mais je comprends aujourd'hui que la définition même du lieu de culte qui sous-tend cette comparaison entre musée et église n'est pas si évidente.

Pendant notre séjour en Italie, nous n'avons pas croisé le moindre froncement de sourcil, dans aucun lieu de culte - que ce soit dans le Duomo ultra-touristique de Milan, dans des lieux plus "intimes" comme l'église San Maurizio (absolument magnifique), ou même dans des lieux a priori dévolus au silence. Le moine qui nous a fait visiter l'église et les cloîtres de la fascinante Chartreuse de Pavie n'a pas eu un geste ni un regard de gêne, de désapprobation ou même de surprise en nous voyant arriver avec nos deux filles. Ici comme là, des regards bienveillants les accueillaient. Au pire, elles passaient inaperçues. Faut-il en conclure que les églises ne sont pas conçues par ceux qui les "habitent" et les "animent" comme des lieux solennels, confits dans un silence empesé (et ce malgré les avertissements et appels au silence qui accueillent invariablement les visiteurs) ? Notre aînée l'a peut-être compris plus tôt que nous, elle qui ne se sent pas plus intimidée que cela dans les églises, et vient y admirer les vitraux, peintures, sculptures avec la même curiosité que dans un musée ; elle qui, à deux ans, était dépitée de ne pas pouvoir entre dans les églises lors de notre premier soir à Venise... Il faut dire qu'elle a un engouement assez mystérieux pour les églises (nous ne sommes pourtant pas pratiquants !), où elle tient toujours à "prier", c'est-à-dire à allumer un cierge (ce qui nous vaut des négociations dignes d'un magasin de jouets !). Quant à la cadette, c'est aussi bien dans les églises que dans les musées lombards qu'elle a appris à dire "c'est beau!".


Il faut dire que pour nous qui ne sommes pas croyants les églises sont avant tout des lieux touristiques, des lieux de contemplation d'œuvres d'art, tant architecturales que picturales. Et notre séjour à Milan ne nous a pas déçus sur ce plan : si, comme tous les touristes (en flots impressionnants, il est conseillé d'éviter les heures de pointe et d'acheter son billet dès l'ouverture), nous avons admiré les beautés du Duomo de Milan (de la façade, aux couleurs changeantes selon les heures de la journée, à l'intérieur, riche en beautés de toutes sortes, et sans oublier surtout la montée sur les toits, promenade vertigineuse dans une "forêt de symboles"), nous n'avons pas regretté nos explorations dans des quartiers moins fréquentés mais tout aussi riches en chefs d'œuvre religieux. Éblouissement à San Maurizio, couvert de fresques du sol au plafond, arc-en-ciel de couleurs à Sant'Eustorgio (pas très loin d'un petit parc sympathique où les filles ont pu profiter des jeux), dentelles de pierre de la basilique Sant'Ambrogio. Bonne pioche aussi que cette journée à Pavie, pour la Chartreuse bien sûr (à voir absolument, même la petite marche en plein champs depuis la gare y a son charme), mais aussi pour les églises de Pavie elle-même : la ville manque cruellement de charme, et c'est dommage, car ses églises sublimes (San Pietro in Ciel d'Oro, avec sa mosaïque et l'impressionnant tombeau d'Augustin, que l'on nous a invités à venir voir de plus près avec nos filles ; le Duomo avec son architecture majestueuse ; San Teodoro et ses fresques, la basilique San Michele Maggiore et ses plafonds, aucune ne nous a déçus) valent vraiment le détour et méritaient un plus bel écrin. L'unité était davantage au rendez-vous à Bergame, dont la ville haute, un peu figée dans le temps, offre aux touristes bien plus nombreux l'irrégularité de ses pavés en même temps que les beautés de ses monuments (chapelle Colleoni à couper le souffle, basilique San Maria Maggiore pour les amoureux du baroque (sur)chargés...) et surtout le panorama imprenable depuis le quartier San Virgilio après un second funiculaire. Nature et architecture nous ont offert à Bergame comme à Pavie de jolies parenthèses dans le décor très urbain de Milan, qui nous dépaysait assez peu.

Belle architecture et parenthèse verte aussi, ainsi qu'une atmosphère festive, étaient au rendez-vous dans des lieux a priori non touristiques mais a voir absolument : les universités de Pavie et de Milan. En plus de la semaine sainte, il semble que nous avions aussi visé la semaine de remise de diplômes : nous avons croisé de nombreux jeunes gens coiffés de couronnes de lauriers, symbolisant l'obtention du diplôme de Laurea (l'équivalent du M2 ici), et avons même déjeuné près d'une famille fêtant une jeune femme aux cris de "dottore". Les rues de Pavie et de certains quartiers de Milan étaient parsemées de confettis et, le jour où nous sommes passés dans le quartier de l'Università Cattolica, des flots d'étudiants en sortaient, et nombre d'entre eux fêtaient au champagne avec leurs copains leur couronne toute fraîche. L'Università Cattolica, mais surtout l'Università Statale sise dans l'ancien Hôpital de Milan (magnifique bâtiment du xve siècle) offrent un cadre idyllique aux étudiants : cloîtres arborés, antiques bâtisses, quelque-chose comme la cour aux Ernest (rue d'Ulm) en mieux, avec le charme de l'ancien et le soleil de l'Italie. J'ajoute que la découverte de l'Antico Ospedale Maggiore fut une bonne surprise, car y étaient exposés quelques "restes" de la semaine du design récemment achevée : robes géantes habillant les colonnes, installation sonore et visuelle interactive, sculptures géantes et constructions provisoires, mais aussi des fauteuils, faisaient de la cour principale un lieu accueillant et vivant, que l'on pouvait appréhender de haut grâce à une plateforme située au sommet d'un grand escalier de bois. Modernité et charme du passé cohabitaient avec brio, de même que l'installation de miroirs qui habillait la cour dite de la Pharmacie mettait en valeur la construction tout en lui donnant une profondeur inattendue.


Une autre partie de cette exposition de Design, essentiellement consacrée au convivio, se trouvait installée dans le petit jardin botanique qui se trouve derrière la Pinacoteca de Brera, et par lequel nous avons été bien inspiré de faire un petit détour. Installations et sculptures à base de verres se fondaient dans le vert des plantations et offraient une pause bienvenue après les riches nourritures artistiques de la Pinacothèque.

Car - il fallait bien que j'y vienne - les muséophiles sont à la fête à Milan. Encore avons-nous fait une sélection de ce que les guides présentaient comme les incontournables, en tenant compte de nos goûts. Nous n'avons visité "que" cinq musées pendant cette semaine en Lombardie, tous les cinq à Milan. Nous avons négligé des musées très spécialisés (Scala, Novecento, archéologie) et/ou scientifiques (musée d'Histoire naturelle, musée des Sciences et Techniques - qui pourrait probablement plaire à des enfants un peu plus grands que les nôtres, et qui aurait pris la 6e place si nous avions eu plus de temps) pour nous concentrer sur les musées artistiques, et notamment de peinture. Deux catégories de musées cohabitent à Milan : les grandes institutions, et les maisons particulières de collectionneurs. Et ce sont deux ambiances bien différentes qui y règnent : à des degrés divers, les musées à proprement parler manquent clairement de chaleur dans leur accueil qui est au mieux indifférent, au pire particulièrement odieux. Ce fut le cas à la Pinacothèque Ambrosienne, dont nous sommes ressortis furieux et déçus : non seulement on nous a expliqué, sur un ton fort peu aimable, que nous ne pouvions circuler avec la poussette qu'à un seul étage (alors qu'un ascenseur les dessert visiblement tous) - alors que la seule personne aimable du musée, au guichet, n'avait pas été aussi catégorique... - mais nous avons été suivis d'un regard soupçonneux pendant toute la visite (et je passe sur les aboiements quand j'ai voulu prendre une photo, ce que j'ignorais être interdit...) ; cela nous a poussé à reléguer la petite "en quarantaine" sur les terrasses, pour ensuite traverser les salles très vite avec elle, histoire de limiter au maximum ce qui était clairement vécu comme une nuisance (guides et visiteurs au diapason, comme si les premiers donnaient le ton). Etrangement, c'est justement quand elle est mal accueillie, et donc quand nous sommes crispés et sur le qui-vive dès le début de la visite, que notre cadette a de folles envies de traversées fantastiques ou des éclats de voix et de rires des plus sonores. Pour ne rien arranger, entre les premières salles et les toutes dernières, où sont enfin révélés les chefs d'œuvre du musée qu'on désespérait de trouver, cette Pinacothèque offre beaucoup de "croutes", toiles sans intérêt exposées dans un espace labyrinthique et ponctué d'escaliers. Rien ne venait donc rattraper l'atmosphère hostile de ce musée, qui ne vaut pas les 15 euros que l'on débourse, et que je ne vous recommande absolument pas, avec ou sans enfant.


Si vous allez à Milan, vous aurez bien meilleur compte de passer du temps dans les salles étourdissantes de chefs d'œuvre de la Pinacoteca de Brera, et dans les multiples musées du Castello Sforzesco. La première vous offrira un incomparable florilège de peinture italienne, de Raphaël à Caravage, en passant par Mantegna (saisissant Christ mort), Bellini, Piero della Francesca, ou encore de belles toiles de Véronèse, grands formats auxquels une composition binaire offre relief et profondeur... Tandis que la petite admirait depuis sa poussette, la grande cherchait à reconnaître les tableaux reproduits en miniature sur le plan du musée (maigre support de visite pour une enfant). Puis les vastes salles de bâtiment sans charme mais pratique et lumineux ont offert leur sol à nos dessinatrices en herbe : les cahiers de coloriages et les crayons furent les bienvenus pour les faire tenir jusqu'au bout de cette longue visite. Nous avons regretté que les salles intitulées "Museo visibile", et notamment le laboratoire de restauration, n'aient pas été davantage exploitées et animées : la grande cage vitrée du laboratoire laissait voir les œuvres en cours de restauration (méthode qui avait été aussi choisie à l'Ambrosienne pour montrer "quand même" l'un des clous du musée, le dessin préparatoire de L'École d'Athènes, mais avec moins de bonheur car l'œuvre, couchée sur une grande table, n'est pas vraiment visible, ce qui n'est pas vraiment compensé par la vidéo et l'écran interactif voisins), mais à part quelques papiers explicatifs peu visibles, rien ne permettait de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans ce laboratoire (nous étions un vendredi de Pâques...). Il est toujours dommage que ces grandes institutions culturelles (comme, chez nous, le Louvre) n'estiment pas nécessaire de faire un peu de pédagogie et d'interactivité à destination des enfants comme des autres publics.

La Pinacothèque offre donc une collection très cohérente malgré sa richesse (mises à part quelques œuvres modernes issues d'une collection particulière). Si vous recherchez plutôt la variété, c'est au château des Sforza et à ses multiples musées que vous devrez consacrer une demi-journée, qui sera d'ailleurs agréablement prolongée par l'exploration de l'immense Parco Sempione (les jeux pour enfants sont à l'autre bout du parc, mais valent la balade). Selon vos goûts et vos envies, vous choisirez le musée de la Préhistoire et le musée Égyptien, le musée des instruments de musique (parcouru rapidement, il nous a semblé un peu défraîchi), ou encore la collection de Mobilier (nous avons aperçu quelques pièces, dans une nouvelle installation qui nous a semblé attrayante et dynamique) et le Musée des Arts décoratifs. Pour notre part, nous avons surtout apprécié le Musée d'Art ancien, vraiment magnifique : sculptures, mais aussi tapisseries s'admirent dans des salles du château qui ont conservé leurs beaux plafonds, voûtes peintes et armoriées. Le décor ajoute du charme à cette collection d'une très belle qualité. Quant à la Pinacothèque, malgré quelques belles toiles, elle fait pâle figure en comparaison, et nous l'avons parcouru rapidement tout en jouant à "cherche et trouve" avec les œuvres reproduites sur le plan ; un parcours rapide qui nous a permis de constater, comme d'autres fois, qu'il ne faut pas se fier à l'enfant qui ne regarde pas - quand nous avons traversé quelques salles un peu vite, j'ai tout de même dit à mon aînée "s'il y un tableau qui te plaît, tu me dis", et elle m'a alors menée en arrière, voir un tableau représentant Vulcain, pourtant pas des plus visibles. Mine de rien, elle observait et sélectionnait.

Ce même regard efficace et discret l'a amenée à jouer au "tableau que je préfère" lors de notre visite du musée Poldi Pezzoli, l'un des deux musées-maisons que nous avons visités, et clairement le plus beau des deux à nos yeux (il y avait souvent deux ou trois "tableaux préférés" désignés par salle !). Le musée Bagatti Valsecchi nous avait pourtant séduit par son atmosphère hors du temps : les deux frères Bagatti ont réuni au xixe siècle une belle collection d'art lombard du xvie siècle, mais ils l'ont surtout installée dans un décor "d'époque", un palais néo-Renaissance tout-confort (gigantesque salle de bain, électricité, etc.) mais meublé et décoré d'objets, de toiles et même de plafonds datant de la Renaissance. Il devait être étrange de vivre dans cette maison-musée... mais il n'était pas désagréable de l'arpenter. Même décalage temporel au musée Poldi Pezzoli, palais d'un autre collectionneur du xixe siècle fou d'art de la Renaissance. Là aussi, meubles anciens côtoient les toiles de maître dans le décor néo-gothique qui fut celui de la vie privée du propriétaire. Certes, le musée étant plus grand, certaines salles frappent moins par leur atmosphère, les meubles étant sensiblement moins nombreux que chez les frères Bagatti, et l'on pourrait parfois se croire dans un musée "traditionnel". Mais la collection de peinture (Botticelli, Pollaiolo et bien d'autres beautés), comme d'objets précieux (horloges de toutes tailles et de toutes formes), est proprement fascinante. Nous nous sommes régalés. Pourtant, la visite avait très mal commencé : alors que notre cadette venait tout juste de commencer sa sieste, on nous annonce au guichet qu'il est impossible de visiter le musée avec une poussette (interdiction comme souvent abusive). Annonce faite en français, sur un ton fort aimable et même vraiment navré, mais ferme. Nous voilà donc obligés de faire "deux équipes" : je monte visiter avec mon aînée pendant que mon mari reste avec la belle endormie au rez-de-chaussée, où se trouvent des salles visibles gratuitement - une impressionnante collection d'armes, mais aussi des salles où étaient exposés les travaux réalisés par des élèves d'une école milanaise de design autour du bois ; une petite vidéo montrait très rapidement la genèse de leur travail et, quand ce fut notre tour de rester en bas pendant que mon mari visitaient le musée, mon aînée bénéficia d'une visite guidée gratuite de l'exposition par le "garde" posté dans la salle de projection. Ce charmant guide nous expliqua en italien la symbolique ou la fonction des objets, et nous offrit même quelques démonstrations - tours de toupies, battements d'éventail qui semblaient n'être donnés que pour nous, avec un sourire complice (certains objets étaient fragiles, je ne suis pas bien sûre que quiconque avait le droit de les manipuler!), pour faire plaisir à notre fille. Si j'ajoute qu'à notre retour à l'accueil notre aînée s'est vu offrir une belle boîte de peinture, vous comprendrez que nous n'en avons pas trop voulu au musée Poldi Pezzoli de ne pas être accessible aux poussettes, car c'est bien là que l'accueil fut le plus chaleureux pour nos enfants. Beauté des toiles de la Renaissance, modernité du design contemporain et sourires pour les bambini, cette toute dernière visite avant le départ sonnait comme un beau résumé de notre séjour milanais.



(1) Voir par exemple un article du Parisien sur cette "affaire", et celui de l'Humanité, un peu plus partial (du moins en apparence) - j'y reviendrai peut-être dans une autre note.



Musée Poldi Pezzoli : ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h ; entrée 10 euros, 4,50 euros pour les 11-18 ans et les étudiants, gratuit jusqu'à 10 ans. No poussette.

Musée Bagatti Valsecchi : ouvert tous les jours sauf le lundi, de 13h à 17h45 (nombreux jours de fermeture dans l'année) ; entrée 9 euros (6 euros le jeudi et pour les étudiants), 2 euros pour les 6-18 ans, gratuit jusqu'à 5 ans. Le site indique qu'un audioguide spécifique (en italien) et des panneaux explicatifs sont dédiés aux enfants.

Pinacothèque de Brera : ouvert tous les jours sauf le lundi de 8h30 à 19h15 (22h15 le jeudi) ; entrée 10 euros (2 euros le jeudi à partir de 18h), gratuite pour les moins de 18 ans et les premiers dimanche du mois ; tarif réduit (7 euros) pour les étudiants.

Pinacothèque Ambrosienne (site catastrophique, très difficile à parcourir, et qui témoigne du caractère poussiéreux de la Pinacothèque, confirmé par l'organisation de son accueil des publics) : ouvert tous les jours sauf lundi, de 9h à 18h ; entrée 15 euros (les tarifs ne sont pas indiqués sur le site, mais nos filles n'ont pas payé).

Musées du château des Sforza : ouverts tous les jours sauf le lundi, de 9h à 17h30 ; entrée 5 euros, gratuit pour les moins de 18 ans.

Attention, en plus des jours fériés habituels, beaucoup de musées sont fermés pour Pâques!

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