mercredi 26 avril 2017

Ciao Bambini !

(Milan, Pavie, Bergame)


Il est d'usage de dire que les Italiens adorent les enfants. Et ils sont effectivement prompts à s'attendrir devant une tête blonde : nous n'avons pu compter le nombre de caresses et tapottes qu'a reçues la tête de notre cadette installée (plus ou moins) sagement dans sa poussette lors de notre virée italienne de ce printemps (premier voyage à l'étranger à quatre, après une longue parenthèse de vacances françaises). L'aînée a elle aussi fait une belle récolte de sourires, surtout quand elle s'essayait à quelques "ciao" ou "grazie" (une passion pour les langues étrangères est née). Et nous avons eu lieu de nous féliciter de cet amour des bambini lors de notre passage à l'aéroport de Milan : pour la première fois, nous avons eu le droit de conserver notre poussette jusqu'au moment de monter dans l'avion (ce qui est vraiment appréciable quand bébé est tout petit, et, même quand il a grandi, pas désagréable pour poser sacs et manteaux) ; nous avons également profité de la file spéciale "familles" pour le passage des contrôles de sécurité (salutaire quand l'attente pour l'enregistrement a déjà bien énervé vos têtes folles), et lors de l'embarquement les familles étaient prioritaires, ce qui n'était pas le cas à Roissy avec la même compagnie. De petits détails à ne pas négliger dans le parcours à multiples étapes du voyage en avion en famille.

Alors, allez-vous me dire, les enfants sont-ils bien accueillis dans les musées italiens ? Eh bien, pas vraiment mieux qu'ailleurs, aussi inégalement qu'en France en tout cas, et moins bien que dans d'autres villes européennes que nous avons visitées - la palme revenant à Madrid, où l'accueil était plus que chaleureux pour notre aînée alors âgée de deux ans, sans oublier une mention spéciale à Stockholm avec ses parcs à poussette (même si nous n'y avons pas toujours trouvé le tout-pour-les-familles tant annoncé - c'est d'ailleurs dans les gares de Madrid que nous avons trouvé des tables à langer, et non en Suède, étrangement).

Mais ce qui m'a le plus frappé pendant cette courte semaine en Italie, c'est que la présence des enfants y étaient bien mieux vécue dans les églises que dans les musées. C'était presque comme si cette présence était évidente, normale, comme s'il n'y avait rien à remarquer d'inhabituel dans le fait que des enfants entrent dans des chapelles, cathédrales et autres basiliques. Les gens qui les croisaient adressaient à nos filles les mêmes signes amicaux que dans la rue ! Voilà une situation bien paradoxale : dans ces lieux consacrés, où un silence "religieux" est de mise, et manifeste le respect du visiteur pour le culte qui s'y tient, les enfants ne semblaient jamais considérés comme une menace contre ce silence, comme une nuisance sonore ; et c'est dans les musées, lieux normalement arpentés par les touristes (parfois groupés en troupes plus ou moins discrètes), que nous avons croisé des regards désapprobateurs, subi des "chut" désobligeants (et injustifiés) et senti dans notre dos la surveillance des gardes et l'attente de notre départ. Pourtant, nos filles ne se tenaient pas plus mal dans les musées que dans les églises : comme ce ne sont pas des statues de cire, elles parlent, et la petite, qui a tout juste deux ans, ne maîtrise pas toujours le volume de sa voix ; et elle a eu autant de crises d'indépendance dans les églises que dans les salles de musées. Pourtant, là, au milieu des autres touristes mais aussi des paroissiens venus prier en cette période particulière qu'est la semaine sainte, nul regard ne m'a donné le sentiment que j'étais une criminelle parce que j'avais osé entrer avec des enfants.

Je ne me risquerai pas à expliquer cette tolérance observée dans les églises italiennes - indifférence des touristes face à l'atmosphère sacrée des lieux de cultes, bienveillance des croyants qui perçoivent les églises comme des lieux de vie et non comme des mausolées figés dans un silence éternel, je ne sais. Ce qui me frappe, c'est le sentiment qu'aujourd'hui, ce sont les musées qui sont perçus par leurs visiteurs comme par leurs personnels comme des lieux saints, quasi mystiques, où le silence, voire le recueillement, est de rigueur. Combien de fois avons-nous pensé, mon mari et moi, dans divers musées, "mais nous ne sommes pas dans une église !", quand les regards ou réactions des autres visiteurs se faisaient clairement hostiles (et de façon injustifiée : je n'ai pas la prétention de croire que mes filles sont des anges, mais elles savent globalement "se tenir" dans les musées, elles ont appris les règles toutes petites -  ne pas toucher, ne pas courir, ne pas crier - et même si la plus jeune ne les maîtrise pas encore parfaitement, la plupart du temps elles les respectent) ! Il semble que la dimension sacrée qui autrefois s'attachait aux lieux de culte se soient transférée dans les lieux de culture (après tout, l'étymologie est la même !), pensés comme les lieux où se célèbre un savoir partagé par une communauté. Récemment encore, je lisais dans les commentaires qu'avait déchaînés sur Facebook un reportage sur la visite plus que houleuse d'une classe de banlieue au musée d'Orsay (1) les mots suivants, qui m'ont frappée : "un musée c'est comme une église c'est solennel (...), on y va comme à une prière". Inutile de vous dire que je ne suis pas d'accord (je n'étais pas la seule, dans le fil des commentaires, d'ailleurs). Pour moi, un musée est un lieu de promenade, de découverte, un lieu de vie, bref, tout sauf un lieu de silence recueilli. Tout sauf un lieu de culte, aurais-je dit. Mais je comprends aujourd'hui que la définition même du lieu de culte qui sous-tend cette comparaison entre musée et église n'est pas si évidente.

Pendant notre séjour en Italie, nous n'avons pas croisé le moindre froncement de sourcil, dans aucun lieu de culte - que ce soit dans le Duomo ultra-touristique de Milan, dans des lieux plus "intimes" comme l'église San Maurizio (absolument magnifique), ou même dans des lieux a priori dévolus au silence. Le moine qui nous a fait visiter l'église et les cloîtres de la fascinante Chartreuse de Pavie n'a pas eu un geste ni un regard de gêne, de désapprobation ou même de surprise en nous voyant arriver avec nos deux filles. Ici comme là, des regards bienveillants les accueillaient. Au pire, elles passaient inaperçues. Faut-il en conclure que les églises ne sont pas conçues par ceux qui les "habitent" et les "animent" comme des lieux solennels, confits dans un silence empesé (et ce malgré les avertissements et appels au silence qui accueillent invariablement les visiteurs) ? Notre aînée l'a peut-être compris plus tôt que nous, elle qui ne se sent pas plus intimidée que cela dans les églises, et vient y admirer les vitraux, peintures, sculptures avec la même curiosité que dans un musée ; elle qui, à deux ans, était dépitée de ne pas pouvoir entre dans les églises lors de notre premier soir à Venise... Il faut dire qu'elle a un engouement assez mystérieux pour les églises (nous ne sommes pourtant pas pratiquants !), où elle tient toujours à "prier", c'est-à-dire à allumer un cierge (ce qui nous vaut des négociations dignes d'un magasin de jouets !). Quant à la cadette, c'est aussi bien dans les églises que dans les musées lombards qu'elle a appris à dire "c'est beau!".


Il faut dire que pour nous qui ne sommes pas croyants les églises sont avant tout des lieux touristiques, des lieux de contemplation d'œuvres d'art, tant architecturales que picturales. Et notre séjour à Milan ne nous a pas déçus sur ce plan : si, comme tous les touristes (en flots impressionnants, il est conseillé d'éviter les heures de pointe et d'acheter son billet dès l'ouverture), nous avons admiré les beautés du Duomo de Milan (de la façade, aux couleurs changeantes selon les heures de la journée, à l'intérieur, riche en beautés de toutes sortes, et sans oublier surtout la montée sur les toits, promenade vertigineuse dans une "forêt de symboles"), nous n'avons pas regretté nos explorations dans des quartiers moins fréquentés mais tout aussi riches en chefs d'œuvre religieux. Éblouissement à San Maurizio, couvert de fresques du sol au plafond, arc-en-ciel de couleurs à Sant'Eustorgio (pas très loin d'un petit parc sympathique où les filles ont pu profiter des jeux), dentelles de pierre de la basilique Sant'Ambrogio. Bonne pioche aussi que cette journée à Pavie, pour la Chartreuse bien sûr (à voir absolument, même la petite marche en plein champs depuis la gare y a son charme), mais aussi pour les églises de Pavie elle-même : la ville manque cruellement de charme, et c'est dommage, car ses églises sublimes (San Pietro in Ciel d'Oro, avec sa mosaïque et l'impressionnant tombeau d'Augustin, que l'on nous a invités à venir voir de plus près avec nos filles ; le Duomo avec son architecture majestueuse ; San Teodoro et ses fresques, la basilique San Michele Maggiore et ses plafonds, aucune ne nous a déçus) valent vraiment le détour et méritaient un plus bel écrin. L'unité était davantage au rendez-vous à Bergame, dont la ville haute, un peu figée dans le temps, offre aux touristes bien plus nombreux l'irrégularité de ses pavés en même temps que les beautés de ses monuments (chapelle Colleoni à couper le souffle, basilique San Maria Maggiore pour les amoureux du baroque (sur)chargés...) et surtout le panorama imprenable depuis le quartier San Virgilio après un second funiculaire. Nature et architecture nous ont offert à Bergame comme à Pavie de jolies parenthèses dans le décor très urbain de Milan, qui nous dépaysait assez peu.

Belle architecture et parenthèse verte aussi, ainsi qu'une atmosphère festive, étaient au rendez-vous dans des lieux a priori non touristiques mais a voir absolument : les universités de Pavie et de Milan. En plus de la semaine sainte, il semble que nous avions aussi visé la semaine de remise de diplômes : nous avons croisé de nombreux jeunes gens coiffés de couronnes de lauriers, symbolisant l'obtention du diplôme de Laurea (l'équivalent du M2 ici), et avons même déjeuné près d'une famille fêtant une jeune femme aux cris de "dottore". Les rues de Pavie et de certains quartiers de Milan étaient parsemées de confettis et, le jour où nous sommes passés dans le quartier de l'Università Cattolica, des flots d'étudiants en sortaient, et nombre d'entre eux fêtaient au champagne avec leurs copains leur couronne toute fraîche. L'Università Cattolica, mais surtout l'Università Statale sise dans l'ancien Hôpital de Milan (magnifique bâtiment du xve siècle) offrent un cadre idyllique aux étudiants : cloîtres arborés, antiques bâtisses, quelque-chose comme la cour aux Ernest (rue d'Ulm) en mieux, avec le charme de l'ancien et le soleil de l'Italie. J'ajoute que la découverte de l'Antico Ospedale Maggiore fut une bonne surprise, car y étaient exposés quelques "restes" de la semaine du design récemment achevée : robes géantes habillant les colonnes, installation sonore et visuelle interactive, sculptures géantes et constructions provisoires, mais aussi des fauteuils, faisaient de la cour principale un lieu accueillant et vivant, que l'on pouvait appréhender de haut grâce à une plateforme située au sommet d'un grand escalier de bois. Modernité et charme du passé cohabitaient avec brio, de même que l'installation de miroirs qui habillait la cour dite de la Pharmacie mettait en valeur la construction tout en lui donnant une profondeur inattendue.


Une autre partie de cette exposition de Design, essentiellement consacrée au convivio, se trouvait installée dans le petit jardin botanique qui se trouve derrière la Pinacoteca de Brera, et par lequel nous avons été bien inspiré de faire un petit détour. Installations et sculptures à base de verres se fondaient dans le vert des plantations et offraient une pause bienvenue après les riches nourritures artistiques de la Pinacothèque.

Car - il fallait bien que j'y vienne - les muséophiles sont à la fête à Milan. Encore avons-nous fait une sélection de ce que les guides présentaient comme les incontournables, en tenant compte de nos goûts. Nous n'avons visité "que" cinq musées pendant cette semaine en Lombardie, tous les cinq à Milan. Nous avons négligé des musées très spécialisés (Scala, Novecento, archéologie) et/ou scientifiques (musée d'Histoire naturelle, musée des Sciences et Techniques - qui pourrait probablement plaire à des enfants un peu plus grands que les nôtres, et qui aurait pris la 6e place si nous avions eu plus de temps) pour nous concentrer sur les musées artistiques, et notamment de peinture. Deux catégories de musées cohabitent à Milan : les grandes institutions, et les maisons particulières de collectionneurs. Et ce sont deux ambiances bien différentes qui y règnent : à des degrés divers, les musées à proprement parler manquent clairement de chaleur dans leur accueil qui est au mieux indifférent, au pire particulièrement odieux. Ce fut le cas à la Pinacothèque Ambrosienne, dont nous sommes ressortis furieux et déçus : non seulement on nous a expliqué, sur un ton fort peu aimable, que nous ne pouvions circuler avec la poussette qu'à un seul étage (alors qu'un ascenseur les dessert visiblement tous) - alors que la seule personne aimable du musée, au guichet, n'avait pas été aussi catégorique... - mais nous avons été suivis d'un regard soupçonneux pendant toute la visite (et je passe sur les aboiements quand j'ai voulu prendre une photo, ce que j'ignorais être interdit...) ; cela nous a poussé à reléguer la petite "en quarantaine" sur les terrasses, pour ensuite traverser les salles très vite avec elle, histoire de limiter au maximum ce qui était clairement vécu comme une nuisance (guides et visiteurs au diapason, comme si les premiers donnaient le ton). Etrangement, c'est justement quand elle est mal accueillie, et donc quand nous sommes crispés et sur le qui-vive dès le début de la visite, que notre cadette a de folles envies de traversées fantastiques ou des éclats de voix et de rires des plus sonores. Pour ne rien arranger, entre les premières salles et les toutes dernières, où sont enfin révélés les chefs d'œuvre du musée qu'on désespérait de trouver, cette Pinacothèque offre beaucoup de "croutes", toiles sans intérêt exposées dans un espace labyrinthique et ponctué d'escaliers. Rien ne venait donc rattraper l'atmosphère hostile de ce musée, qui ne vaut pas les 15 euros que l'on débourse, et que je ne vous recommande absolument pas, avec ou sans enfant.


Si vous allez à Milan, vous aurez bien meilleur compte de passer du temps dans les salles étourdissantes de chefs d'œuvre de la Pinacoteca de Brera, et dans les multiples musées du Castello Sforzesco. La première vous offrira un incomparable florilège de peinture italienne, de Raphaël à Caravage, en passant par Mantegna (saisissant Christ mort), Bellini, Piero della Francesca, ou encore de belles toiles de Véronèse, grands formats auxquels une composition binaire offre relief et profondeur... Tandis que la petite admirait depuis sa poussette, la grande cherchait à reconnaître les tableaux reproduits en miniature sur le plan du musée (maigre support de visite pour une enfant). Puis les vastes salles de bâtiment sans charme mais pratique et lumineux ont offert leur sol à nos dessinatrices en herbe : les cahiers de coloriages et les crayons furent les bienvenus pour les faire tenir jusqu'au bout de cette longue visite. Nous avons regretté que les salles intitulées "Museo visibile", et notamment le laboratoire de restauration, n'aient pas été davantage exploitées et animées : la grande cage vitrée du laboratoire laissait voir les œuvres en cours de restauration (méthode qui avait été aussi choisie à l'Ambrosienne pour montrer "quand même" l'un des clous du musée, le dessin préparatoire de L'École d'Athènes, mais avec moins de bonheur car l'œuvre, couchée sur une grande table, n'est pas vraiment visible, ce qui n'est pas vraiment compensé par la vidéo et l'écran interactif voisins), mais à part quelques papiers explicatifs peu visibles, rien ne permettait de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans ce laboratoire (nous étions un vendredi de Pâques...). Il est toujours dommage que ces grandes institutions culturelles (comme, chez nous, le Louvre) n'estiment pas nécessaire de faire un peu de pédagogie et d'interactivité à destination des enfants comme des autres publics.

La Pinacothèque offre donc une collection très cohérente malgré sa richesse (mises à part quelques œuvres modernes issues d'une collection particulière). Si vous recherchez plutôt la variété, c'est au château des Sforza et à ses multiples musées que vous devrez consacrer une demi-journée, qui sera d'ailleurs agréablement prolongée par l'exploration de l'immense Parco Sempione (les jeux pour enfants sont à l'autre bout du parc, mais valent la balade). Selon vos goûts et vos envies, vous choisirez le musée de la Préhistoire et le musée Égyptien, le musée des instruments de musique (parcouru rapidement, il nous a semblé un peu défraîchi), ou encore la collection de Mobilier (nous avons aperçu quelques pièces, dans une nouvelle installation qui nous a semblé attrayante et dynamique) et le Musée des Arts décoratifs. Pour notre part, nous avons surtout apprécié le Musée d'Art ancien, vraiment magnifique : sculptures, mais aussi tapisseries s'admirent dans des salles du château qui ont conservé leurs beaux plafonds, voûtes peintes et armoriées. Le décor ajoute du charme à cette collection d'une très belle qualité. Quant à la Pinacothèque, malgré quelques belles toiles, elle fait pâle figure en comparaison, et nous l'avons parcouru rapidement tout en jouant à "cherche et trouve" avec les œuvres reproduites sur le plan ; un parcours rapide qui nous a permis de constater, comme d'autres fois, qu'il ne faut pas se fier à l'enfant qui ne regarde pas - quand nous avons traversé quelques salles un peu vite, j'ai tout de même dit à mon aînée "s'il y un tableau qui te plaît, tu me dis", et elle m'a alors menée en arrière, voir un tableau représentant Vulcain, pourtant pas des plus visibles. Mine de rien, elle observait et sélectionnait.

Ce même regard efficace et discret l'a amenée à jouer au "tableau que je préfère" lors de notre visite du musée Poldi Pezzoli, l'un des deux musées-maisons que nous avons visités, et clairement le plus beau des deux à nos yeux (il y avait souvent deux ou trois "tableaux préférés" désignés par salle !). Le musée Bagatti Valsecchi nous avait pourtant séduit par son atmosphère hors du temps : les deux frères Bagatti ont réuni au xixe siècle une belle collection d'art lombard du xvie siècle, mais ils l'ont surtout installée dans un décor "d'époque", un palais néo-Renaissance tout-confort (gigantesque salle de bain, électricité, etc.) mais meublé et décoré d'objets, de toiles et même de plafonds datant de la Renaissance. Il devait être étrange de vivre dans cette maison-musée... mais il n'était pas désagréable de l'arpenter. Même décalage temporel au musée Poldi Pezzoli, palais d'un autre collectionneur du xixe siècle fou d'art de la Renaissance. Là aussi, meubles anciens côtoient les toiles de maître dans le décor néo-gothique qui fut celui de la vie privée du propriétaire. Certes, le musée étant plus grand, certaines salles frappent moins par leur atmosphère, les meubles étant sensiblement moins nombreux que chez les frères Bagatti, et l'on pourrait parfois se croire dans un musée "traditionnel". Mais la collection de peinture (Botticelli, Pollaiolo et bien d'autres beautés), comme d'objets précieux (horloges de toutes tailles et de toutes formes), est proprement fascinante. Nous nous sommes régalés. Pourtant, la visite avait très mal commencé : alors que notre cadette venait tout juste de commencer sa sieste, on nous annonce au guichet qu'il est impossible de visiter le musée avec une poussette (interdiction comme souvent abusive). Annonce faite en français, sur un ton fort aimable et même vraiment navré, mais ferme. Nous voilà donc obligés de faire "deux équipes" : je monte visiter avec mon aînée pendant que mon mari reste avec la belle endormie au rez-de-chaussée, où se trouvent des salles visibles gratuitement - une impressionnante collection d'armes, mais aussi des salles où étaient exposés les travaux réalisés par des élèves d'une école milanaise de design autour du bois ; une petite vidéo montrait très rapidement la genèse de leur travail et, quand ce fut notre tour de rester en bas pendant que mon mari visitaient le musée, mon aînée bénéficia d'une visite guidée gratuite de l'exposition par le "garde" posté dans la salle de projection. Ce charmant guide nous expliqua en italien la symbolique ou la fonction des objets, et nous offrit même quelques démonstrations - tours de toupies, battements d'éventail qui semblaient n'être donnés que pour nous, avec un sourire complice (certains objets étaient fragiles, je ne suis pas bien sûre que quiconque avait le droit de les manipuler!), pour faire plaisir à notre fille. Si j'ajoute qu'à notre retour à l'accueil notre aînée s'est vu offrir une belle boîte de peinture, vous comprendrez que nous n'en avons pas trop voulu au musée Poldi Pezzoli de ne pas être accessible aux poussettes, car c'est bien là que l'accueil fut le plus chaleureux pour nos enfants. Beauté des toiles de la Renaissance, modernité du design contemporain et sourires pour les bambini, cette toute dernière visite avant le départ sonnait comme un beau résumé de notre séjour milanais.



(1) Voir par exemple un article du Parisien sur cette "affaire", et celui de l'Humanité, un peu plus partial (du moins en apparence) - j'y reviendrai peut-être dans une autre note.



Musée Poldi Pezzoli : ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h ; entrée 10 euros, 4,50 euros pour les 11-18 ans et les étudiants, gratuit jusqu'à 10 ans. No poussette.

Musée Bagatti Valsecchi : ouvert tous les jours sauf le lundi, de 13h à 17h45 (nombreux jours de fermeture dans l'année) ; entrée 9 euros (6 euros le jeudi et pour les étudiants), 2 euros pour les 6-18 ans, gratuit jusqu'à 5 ans. Le site indique qu'un audioguide spécifique (en italien) et des panneaux explicatifs sont dédiés aux enfants.

Pinacothèque de Brera : ouvert tous les jours sauf le lundi de 8h30 à 19h15 (22h15 le jeudi) ; entrée 10 euros (2 euros le jeudi à partir de 18h), gratuite pour les moins de 18 ans et les premiers dimanche du mois ; tarif réduit (7 euros) pour les étudiants.

Pinacothèque Ambrosienne (site catastrophique, très difficile à parcourir, et qui témoigne du caractère poussiéreux de la Pinacothèque, confirmé par l'organisation de son accueil des publics) : ouvert tous les jours sauf lundi, de 9h à 18h ; entrée 15 euros (les tarifs ne sont pas indiqués sur le site, mais nos filles n'ont pas payé).

Musées du château des Sforza : ouverts tous les jours sauf le lundi, de 9h à 17h30 ; entrée 5 euros, gratuit pour les moins de 18 ans.

Attention, en plus des jours fériés habituels, beaucoup de musées sont fermés pour Pâques!

samedi 8 avril 2017

Ceci n'est pas une exposition

(Musée d'Orsay - "Au-delà des étoiles : le paysage mystique de Monet à Kandinsky" ; Musée du Louvre - "Valentin de Boulogne" et "Vermeer et les maîtres de la peinture de genre"... à moins que ce ne soit l'inverse)

Ceci n'est pas un récit de visite. Et je vais sortir un peu du cadre habituel de ce blog, puisque les réflexions qui vont suivre m'ont été inspirées plus récemment (même si ces idées ne sont pas nouvelles, car cela fait un moment que je les rumine) par des expositions visitées sans enfants (special thanks aux grands-parents baby-sitters qui nous permettent de travailler pendant les vacances scolaires mais aussi d'en profiter pour rattraper notre retard côté sorties culturelles). Les deux expositions phares du moment risquaient en effet d'attirer beaucoup de monde (la foule amenée au Louvre par le nom de Vermeer a fait l'objet de plusieurs articles de presse) et nous souhaitions les "tester" entre adultes pour voir s'il était envisageable de les tenter ensuite avec notre grande. J'avoue que je ne sais pas trop quoi répondre à cette question de départ (l'attente pour Vermeer, un mercredi de vacances vers 17h30, était raisonnable - nous avions préréservé le créneau sur internet - mais les salles restaient bien pleines ; la foule était supportable le jeudi après-midi au musée d'Orsay, mais l'exposition un peu "difficile", j'y reviendrai). Mais je suis ressortie de ces deux visites pleine d'interrogations sur ce que j'attends d'une exposition, et sur ce que les visiteurs viennent y trouver en général. Suis-je la seule à ressentir une impression de frustration, d'insatisfaction quand je sors des expositions à la mode ? Comme si, après avoir vu des toiles magnifiques, je n'avais pourtant pas trouvé ce que j'attendais - ou plutôt j'avais reçu plus que je n'en désirais. La confrontation avec une exposition moins médiatisée, celle de Valentin de Boulogne qui est jumelée avec celle de "Vermeer and co" au Louvre, m'a permis de comprendre qu'en termes de muséographie, je suis probablement une affreuse réactionnaire.

Je m'explique. L'exposition présentée actuellement au musée d'Orsay offre aux visiteurs un certain nombre de chefs d'œuvre - deux Meules de Monet venues de musées américains, mais aussi les Peupliers et quatre façades de la cathédrale de Rouen, des Van Gogh plus que superbes, des Gauguin, dont La vision après le sermon, de lumineux Maurice Denis, un Klimt, des Odilon Redon ou encore un Chagall... Bref, des étoiles, on en a plein les yeux pendant cette visite, qui est aussi l'occasion de (re)découvrir des peintres moins connus : j'avais oublié que Maurice Denis offrait des couleurs si pures, et j'ai été touchée par la douceur qui se dégage du Paysage aux arbres verts, ou par la lumière qui tombe sur la mer d'un bleu turquoise dans La solitude du Christ, laissant dans l'ombre le Christ qui prie au premier plan ; l'exposition m'a aussi rappelé l'éblouissante rétrospective Odilon Redon que j'avais tant aimée il y a quelques années, et proposait également à la découverte des visiteurs des peintres scandinaves et canadiens probablement peu connus en France (pour ma part, j'ai surtout apprécié Tom Thomson et le Paysage décoratif de Lawren Stewart Harris, mais il y en avait vraiment pour tous les goûts). Si j'ajoute un Nocturne de James Abbott McNeill Whistler (ci-dessous), vous aurez compris que je n'ai pas manqué de coups de cœur lors de ce passage au musée d'Orsay. Pourtant, quelque-chose m'a gênée tout au long de la visite : je n'ai cessé de lui chercher du sens et de la cohérence. J'en suis ressortie avec l'impression d'une exposition fourre-tout, dont les sections n'étaient pas toujours très liées entre elles (pourquoi cette micro-salle consacrée à l'anecdotique Dulac, au milieu d'un développement sur le thème de la nuit ?), et dont certaines salles semblaient franchement hors-sujet (les paysages dévastés par la guerre ne m'ont semblé emprunts d'aucun mysticisme)...

Mais peut-être le problème est-il là : c'est qu'il y avait un sujet. Ou plutôt, une thèse. Oui, les grandes expositions de ces dernières années me font l'effet d'un résumé de thèse illustré. C'est comme si des chercheurs en histoire de l'art jouaient à "Ma thèse en 180 tableaux" [note pour les non-initiés : ces dernières années fleurissent dans le monde universitaire les éditions d'un concours qui impose de présenter son sujet de thèse de manière sexy et claire en 180 secondes]. Comme s'ils s'emparaient d'un concept ou d'une idée pour en faire le fil d'une exposition. Ainsi de l'ironie romantique qu'on avait cru nécessaire pour donner un sens à l'exposition Klee présentée à Beaubourg l'année dernière - un concept qui n'a rien à voir avec l'ironie dans son sens premier, et qui m'avait semblé bien anachronique (en tout cas, aucun panneau ne justifiait son utilisation pour un peintre situé bien après la période romantique). Ainsi du mysticisme dans les paysages de la présente exposition du musée d'Orsay : de l'aveu même des panneaux de présentation, Monet ne voyait aucune espèce de transcendance dans ses Meules, mais puisque d'autres ont pu y voir une métaphore de la vie, ces toiles, mais aussi de simples Nymphéas, trouvent leur place dans la première salle de l'exposition sous le titre "Contemplation". Mais l'exemple qui m'a peut-être le plus frappée de cette tendance à la démonstration fut l'exposition Magritte (à Beaubourg cet automne et cet hiver) : une magnifique exposition, vraiment, mais qui, en ce qui me concerne, fut parasitée par la présence de panneaux tentant de donner une cohérence aux salles et à l'ensemble de la visite, sur un thème qui aurait pu être "Magritte et la philosophie". Chaque panneau introducteur proposait un rapprochement entre un thème, un texte ou un auteur philosophiques et les œuvres présentées dans la salle. Si le mythe de la caverne semblait clairement illustré par certaines toiles, d'autres rapprochements semblaient gratuits, voire proprement acrobatiques. Surtout, rien ne venait les justifier : Magritte a-t-il écrit quelque-part qu'il avait été inspiré, ou au moins intéressé par tel texte de Pline ? A-t-on au moins une preuve qu'il possédait les ouvrages cités dans sa bibliothèque ? La chercheuse qui sommeille en moi se trouvait clairement en manque de notes en bas de page !

Sans ces justifications explicites, les choix thématiques, les cohérences affichées par les panneaux explicatifs, bref le fil rouge de ces expositions semblent sujets à caution. Le soupçon s'installe, et règne une forte impression d'artificialité. Etait-il à ce point inenvisageable d'annoncer une exposition "Klee" ou "Magritte" ? De même, pourquoi vouloir à tout prix confronter le Douanier Rousseau avec d'autres peintres, contemporains, antérieurs ou postérieurs, qui ont traité des mêmes thèmes ? Son œuvre ne se suffit-elle pas à elle-même ? Et même si cela supposait une exposition moins volumineuse, ne pouvait-on pas s'en contenter ? Voir des tableaux que l'on n'est pas venu contempler et qui n'ont a priori rien à voir avec le Douanier Rousseau, n'est-ce pas un peu agaçant ? Quand on piétine devant chaque œuvre, piétiner devant autre chose que le peintre-titre peut s'avérer un peu irritant. De même, l'exposition sur le mysticisme a-t-elle pour but de nous faire découvrir, sans le dire, des peintres scandinaves et canadiens inconnus ? Un objectif à moitié atteint, puisque les visiteurs, qui se massaient en grand nombre devant les toiles de grands maîtres, passaient bien rapidement devant la majorité de ces chefs d'œuvre méconnus.

Même déséquilibre visuellement et physiquement frappant au Louvre pour ce qui pourrait s'intituler "Ceci n'est pas une exposition Vermeer". Certes, une petite dizaine de Vermeer, de toute beauté, sont présentés au public qui s'attroupe pour les voir. Mais cette exposition ne serait rien sans les toiles de Gerard Dou, Gabriel Metsu, Caspar Netscher, Pieter de Hooch ou Gerard ter Borch, peintres contemporains de Vermeer, qui illustrent les mêmes thèmes que lui, avec parfois des poses, des personnages ou des motifs qui se retrouvent d'une œuvre à l'autre. L'exposition, organisée par séries de motifs (la toilette, la lettre, la pesée, le savant, etc.), montre de manière saisissante combien les peintres hollandais de cette époque travaillaient en réponses les uns aux autres, sous la forme, semble-t-il, du défi pictural. Intéressante aussi la confrontation de la Dentelière de Vermeer avec celles de ses contemporains, de la Laitière avec une Cuisinière hollandaise de Gérard Dou, et cette idée soufflée par les panneaux explicatifs : Vermeer peindrait par "soustraction", par épure de motifs de la peinture de genre. Une simplicité, une pureté servie par sa maîtrise de la lumière. Ce qui ne veut pas dire que les autres peintres sont dénués d'intérêt, loin de là. Il m'est même arrivé de ne donner à Vermeer que la seconde place face à l'un ou l'autre de ses collègues.

L'exposition est très pédagogique : pour chaque série, un panneau explicatif précise les développements du motif, les particularités de chaque peintre, indique qui a inspiré qui (dommage que parfois les œuvres soient ensuite présentées dans un ordre chronologique inverse). Quelques cartels développés viennent commenter certaines œuvres plus précisément. Bref, une vraie leçon d'histoire de l'art. Car les cartels, les panneaux, introductions, présentations, prolongements, etc. sont devenus légion dans les expos façon thèse. Des textes, imprimés sur les coffrages sombres qui recouvrent les murs et créent l'atmosphère de rite initiatique de rigueur, sont souvent situés à l'entrée de chaque salle, et l'on voit les visiteurs s'agglutiner devant eux, empêchant parfois la circulation. Car chacun vient recueillir la bonne parole qui permet de comprendre et d'apprendre. Ou pas. Au musée d'Orsay, par exemple, ces fameux textes étaient beaucoup trop denses, pleins de termes non expliqués (je m'excuse, mais je crains de ne pas être la seule à ne pas connaître le courant divisionniste), les analyses de quatre ou cinq peintres ou œuvres se succédant sans transition en l'espace de dix lignes. De quoi prendre une indigestion de culture ! Mes filles étant absentes, je me suis fait un devoir de profiter de l'occasion que j'avais exceptionnellement de tout lire, mais j'avoue conserver mon scepticisme face à cette profusion d'informations (comme face aux analyses proposées à Orsay, à mon sens "tirées par les cheveux").

Car je me rends compte que ce qui me fait venir dans un musée ou une exposition, ce sont les œuvres, et non le savoir qui les entoure (paradoxal, pour une prof !). Sans doute n'allons-nous pas tous chercher la même chose dans les expositions. En sortant du musée d'Orsay, mon mari a conclu cette série de visites par cette formule : "je suis content, on s'est bien cultivés". C'est drôle, mais je n'aurais pas du tout dit la même chose. Je me réjouis plutôt d'avoir vu des œuvres magnifiques, tellement plus belles et lumineuses que dans les meilleures reproductions. Je suis heureuse aussi d'avoir (re)découvert des peintres que j'avais oubliés ou négligés, voire que je ne connaissais pas. Et c'est là que réside la surprise de ces deux jours : des trois expositions que nous avons vues, j'ai de loin préféré celle qui est consacrée à Valentin de Boulogne. Celle que je n'allai pas voir intentionnellement, mais seulement parce qu'elle se trouvait dans le même espace que ce qui n'est pas une exposition Vermeer. Celle que la grande majorité des visiteurs ne vont pas voir en sortant des salles hollandaises, à en croire le calme qui y régnait et la facilité que l'on avait à y circuler.

C'est bien dommage que cette exposition soit ainsi occultée par la médiatisation de sa voisine, car elle est magnifique. Ce peintre méconnu, pourtant si célèbre à son époque (c'était le rival de Nicolas Poussin, et Louis XIV, comme d'autres grands de son temps, possédait certaines de ses œuvres), aurait mérité de faire cavalier seul plutôt que d'être dans l'ombre de Vermeer, lui que l'ombre du Caravage, son maître, avait progressivement éclipsé. C'était un plaisir de découvrir ces grandes toiles, certaines reprenant très nettement des motifs traités par le Caravage - il est dommage d'ailleurs que les commissaires de l'exposition n'ait pas pensé à faire figurer en regard des œuvres des reproductions (photo ou format numérique, pourquoi pas ?) des toiles de Caravage "imitées" par Valentin - d'autres se détachant clairement du maître, notamment par leurs couleurs tranchées et lumineuses ; je pense notamment aux Saint Marc et Saint Mathieu, dont les visages et les vêtements se dégagent nettement sur des fonds unis neutres, dans un décor quasi-nu. Le traitement des tissus, mais aussi des corps, est saisissant : un Saint Jean-Baptiste musculeux a notamment séduit mes chastes yeux. Enfin, les visages, leurs expressions sont l'objet d'un travail raffiné de Valentin de Boulogne : dans la Cène, chaque apôtre a une expression différente, une personnalité ; le regard du Christ au Couronnement d'épines est emprunt d'une mélancolie inhabituelle, et les visages des soldats qui l'entourent ne sont pas pour autant négligés. Même les musiciens et diseuses de bonne aventure, dans des toiles a priori moins "originales", semblent rêver, le regard ailleurs.

Voilà pour moi une visite réussie : découvrir des œuvres inconnues, un peintre dont j'ignorais jusqu'au nom, apprécier son œuvre, repenser à d'autres que l'on a aimées, pouvoir observer tel détail, ressentir telle ou telle impression, être touchée par une toile, sans forcément trop savoir pourquoi, et ressortir en voulant à tout prix garder la trace de cette découverte. J'ai eu plusieurs fois cette semaine l'occasion de me souvenir de l'exposition Odilon Redon qui avait été pour moi une découverte tout aussi enthousiasmante. Comme pour Valentin de Boulogne, je garde en mémoire l'image d'une muséographie assez simple : les toiles du peintre, présentées par périodes ou par séries thématiques, sont servies par quelques simples explications qui ne parasitent pas la découverte personnelle mais donnent éventuellement des repères ou des clés pour situer et comprendre l'œuvre à qui le souhaite. Pas de thèse mal justifiée, et donc pas d'esprit critique mis en éveil, juste l'œil qui savoure les émotions suscitées par ce qui l'entoure, simplement un visiteur et des œuvres qu'il peut aimer ou ignorer, contempler longuement ou regarder furtivement, se laissant fasciner parfois, restant indifférent l'instant d'après, au gré de sa sensibilité. Bref, vous l'aurez compris, en matière d'art, je suis tout sauf une spécialiste, et c'est donc l'impression personnelle que je privilégie - ce qui fait de moi une très mauvaise visiteuse des expositions d'aujourd'hui, que je trouve souvent plus pédantes que sensibles. Je suis persuadée que c'est cette intuition esthétique qu'il faut avant tout faire naître chez les enfants, et qu'elle se passe de tout savoir, de toute lecture ; il n'y a pas d'âge pour trouver une œuvre belle (ou pas). Il n'y a pas d'âge pour aller au musée...

Et vous, pourquoi allez-vous dans les expositions ?

Musée d'Orsay : exposition "Au-delà des étoiles. Le paysage mystique", 14 mars - 25 juin 2017.
Musée du Louvre : exposition "Vermeer et les maîtres de la peinture de genre", du 22 Février 2017 au 22 Mai 2017 ; exposition "Valentin de Boulogne. Réinventer Caravage", du 22 Février 2017 au 22 Mai 2017. Attention : réservation d'un créneau de visite obligatoire.