jeudi 7 avril 2016

Balade en plein art

(Musée de sculpture en plein air - Jardin Tino Rossi, Paris 5e)


Puisque le soleil pointe timidement son nez, nous allons probablement moins hanter les musées, et davantage les parcs. Mercredi, sur une suggestion de Laetitia C., nous avons réussi à concilier les deux en parcourant le Musée de sculpture en plein air (aussi nommé jardin Tino Rossi), qui longe la Seine au niveau du quai Saint-Bernard, en gros depuis le Pont d’Austerlitz (en face du Jardin des Plantes) jusqu’au Pont de Sully (au niveau de l’Institut du Monde Arabe). Nous l’avions déjà traversé, et j’avais surtout gardé le souvenir d’un lieu très animé l’été avec ses petits amphithéâtres face à la Seine où l’on vient jouer de la guitare, chanter, voire danser le tango (un festival de danse anime le jardin pendant l’été). Des sculptures, je n’avais gardé qu’un très vague souvenir. C’est donc avec la ferme intention de ne pas passer à côté de la dimension artistique de ce jardin que nous y sommes retournés – tout en appréciant de pouvoir l’associer aux avantages habituels du « parc » : plein air, jeux pour enfants, avec, ce qui ne gâche rien, la perspective d’un Paris des bords de Seine et, comme objectif final, Notre-Dame.

Ce fut une promenade fort plaisante : tout au long du chemin qui traverse le jardin, longeant ou surplombant la Seine, sont disposées des sculptures d’artistes contemporains, de tailles et de matières diverses, mais aussi de styles variés. Si notre grande a commencé par demander où étaient les jeux, elle s’est très vite laissée prendre par ce cheminement d’œuvre en œuvre. Nous nous sommes amusés à lui demander les formes qu’elle identifiait (pas toujours la même chose que nous !). Elle a surtout apprécié de pouvoir toucher les sculptures, sentir le froid du bronze, le rugueux de la pierre, le lisse du marbre : ici, nos mains ne sont pas ce qui risque d’endommager le plus les œuvres d’art, offertes comme elles le sont au vent, à la pluie et… aux fientes de pigeon !

Puis elle nous a demandé un papier et un crayon, pour noter (même si elle ne sait pas écrire !!) le nom du jardin, celui des sculptures, ce qu’elle voyait… C’était drôle de la voir se pencher ainsi devant chaque œuvre pour prendre des notes, très sérieusement, mais très joyeusement aussi ! Comme si, dans son esprit, cela lui permettait de fixer le souvenir ; comme s’il lui était devenu habituel d’associer musée (ou ce qui s’en approche) et écriture – dans un carnet d’activités ou dans son cahier de musée : à peu près au même moment que j’ouvrais ce blog, nous avons commencé à coller dans un grand cahier toutes sortes de découpages et créations en lien avec nos visites, ce qui satisfait sa passion pour les ciseaux et la colle, et trouve une finalité à sa récolte de papiers et dépliants dans tous les lieux que nous visitons ! Je doute que ce cahier soit la cause de cette association entre musée (ou art) et écriture, car on ne peut pas dire que nous le remplissions très régulièrement. Mais ce qui est sûr, c’est que cela tenait à la fois de la marque d’intérêt pour les œuvres, et du jeu : un papier et un crayon ont suffi à transformer le parcours du jardin de sculptures en quête sautillante et joyeuse, chaque œuvre devenant à la fois sujet et support d’écriture. Et il n’aurait pas fallu en manquer une seule !

Si bien que lorsque nous sommes arrivés dans la partie du jardin qui abrite des jeux pour enfants (assez nombreux et agréables, mis à part quelques traces du passage des pigeons…), notre grande a poussé un cri de joie mais aussi d’étonnement, comme si elle avait oublié sa première requête, comme si toboggans et bascules constituaient la cerise sur le gâteau. L’association art-plein air est une vraie bonne idée, car elle évite que les enfants considèrent que l’art appartient à un monde à part, sérieux et destiné aux adultes. Des musées d’art moderne ou contemporain associent parfois un jardin (souvent occupé par des sculptures) à leurs espaces d’exposition intérieurs : je pense notamment à celui de Stockholm, où le visiteur doit d’abord traverser une esplanade verte habitée notamment par des créatures de Niki de Saint-Phalle avant de parvenir au bâtiment du musée (les fontaines de la placette qui jouxte le Centre Pompidou, pourtant colorées et joyeuses, sont bien citadines à côté) ; je pense aussi au MacVal, où un véritable jardin, avec sculptures, bosquets et recoins (et même une petite mare aux canards où notre grande a un jour tenté un plongeon qui restera dans les annales de la famille !!), accueille les visiteurs, mais aussi les flâneurs, lecteurs ou grignoteurs de tous âges. Les jardins publics eux aussi accueillent la création artistique : j'ai le souvenir d'une promenade dans un Jardin des Plantes habité par de magnifiques sculptures de la Fiac (en octobre 2013), et les Tuileries elles aussi se sont livrées à cet exercice. Les artistes contemporains ont donc bien compris l’effet vivifiant de cette association avec le plein air – je ne sais s’ils ont pensé aux enfants, plus faciles à apprivoiser dans ce cadre, mais tant mieux ! Reste à souhaiter que ce tandem art et jardin se développe dans d’autres directions, sans se limiter aux sculptures et installations ni aux seules créations les plus récentes : si le Louvre part en province, pourquoi ne pourrait-il pas se mettre au vert ?


Jardin Tino Rossi (Musée de sculpture en plein air) - 2, Quai Saint-Bernard - 75005 Paris

Ouvert tous les jours, 24h/24.
Accès libre et gratuit, ouvert aux vélos, poussettes, trottinettes etc.

Festival des Danses sur Seine, de début juin à fin août.

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