(Musée de sculpture en plein air - Jardin Tino Rossi, Paris
5e)

Puisque le soleil pointe timidement son nez, nous allons
probablement moins hanter les musées, et davantage les parcs. Mercredi, sur une
suggestion de Laetitia C., nous avons réussi à concilier les deux en parcourant
le Musée de sculpture en plein air (aussi nommé jardin Tino Rossi), qui longe
la Seine au niveau du quai Saint-Bernard, en gros depuis le Pont d’Austerlitz
(en face du Jardin des Plantes) jusqu’au Pont de Sully (au niveau de l’Institut du
Monde Arabe). Nous l’avions déjà traversé, et j’avais surtout gardé le
souvenir d’un lieu très animé l’été avec ses petits amphithéâtres face à la
Seine où l’on vient jouer de la guitare, chanter, voire danser le tango (un
festival de danse anime le jardin pendant l’été). Des sculptures, je n’avais
gardé qu’un très vague souvenir. C’est donc avec la ferme intention de ne pas
passer à côté de la dimension artistique de ce jardin que nous y sommes
retournés – tout en appréciant de pouvoir l’associer aux avantages habituels du
« parc » : plein air, jeux pour enfants, avec, ce qui ne gâche
rien, la perspective d’un Paris des bords de Seine et, comme objectif final,
Notre-Dame.

Ce fut une promenade fort plaisante : tout au long du
chemin qui traverse le jardin, longeant ou surplombant la Seine, sont disposées
des sculptures d’artistes contemporains, de tailles et de matières diverses,
mais aussi de styles variés. Si notre grande a commencé par demander où étaient
les jeux, elle s’est très vite laissée prendre par ce cheminement d’œuvre en œuvre.
Nous nous sommes amusés à lui demander les formes qu’elle identifiait (pas
toujours la même chose que nous !). Elle a surtout apprécié de pouvoir toucher
les sculptures, sentir le froid du bronze, le rugueux de la pierre, le lisse du
marbre : ici, nos mains ne sont pas ce qui risque d’endommager le plus les
œuvres d’art, offertes comme elles le sont au vent, à la pluie et… aux fientes
de pigeon !

Puis elle nous a demandé un papier et un crayon, pour noter
(même si elle ne sait pas écrire !!) le nom du jardin, celui des
sculptures, ce qu’elle voyait… C’était drôle de la voir se pencher ainsi devant
chaque œuvre pour prendre des notes, très sérieusement, mais très joyeusement
aussi ! Comme si, dans son esprit, cela lui permettait de fixer le souvenir ;
comme s’il lui était devenu habituel d’associer musée (ou ce qui s’en approche)
et écriture – dans un carnet d’activités ou dans son cahier de musée : à
peu près au même moment que j’ouvrais ce blog, nous avons commencé à coller
dans un grand cahier toutes sortes de découpages et créations en lien avec nos
visites, ce qui satisfait sa passion pour les ciseaux et la colle, et trouve
une finalité à sa récolte de papiers et dépliants dans tous les lieux que nous
visitons ! Je doute que ce cahier soit la cause de cette association entre musée
(ou art) et écriture, car on ne peut pas dire que nous le remplissions
très régulièrement. Mais ce qui est sûr, c’est que cela tenait à la fois de la
marque d’intérêt pour les œuvres, et du jeu : un papier et un crayon ont
suffi à transformer le parcours du jardin de sculptures en quête sautillante et
joyeuse, chaque œuvre devenant à la fois sujet et support d’écriture. Et il n’aurait
pas fallu en manquer une seule !

Si bien que lorsque nous sommes arrivés dans la partie du
jardin qui abrite des jeux pour enfants (assez nombreux et agréables, mis à
part quelques traces du passage des pigeons…), notre grande a poussé un cri de
joie mais aussi d’étonnement, comme si elle avait oublié sa première requête,
comme si toboggans et bascules constituaient la cerise sur le gâteau. L’association
art-plein air est une vraie bonne idée, car elle évite que les enfants
considèrent que l’art appartient à un monde à part, sérieux et destiné aux
adultes. Des musées d’art moderne ou contemporain associent parfois un jardin
(souvent occupé par des sculptures) à leurs espaces d’exposition intérieurs :
je pense notamment à celui de Stockholm, où le visiteur doit d’abord traverser
une esplanade verte habitée notamment par des créatures de Niki de Saint-Phalle
avant de parvenir au bâtiment du musée (les fontaines de la placette qui jouxte
le Centre Pompidou, pourtant colorées et joyeuses, sont bien citadines à côté) ;
je pense aussi au MacVal, où un véritable jardin, avec sculptures, bosquets et
recoins (et même une petite mare aux canards où notre grande a un jour tenté un
plongeon qui restera dans les annales de la famille !!), accueille les
visiteurs, mais aussi les flâneurs, lecteurs ou grignoteurs de tous âges. Les jardins publics eux aussi accueillent la création artistique : j'ai le souvenir d'une promenade dans un Jardin des Plantes habité par de magnifiques sculptures de la Fiac (en octobre 2013), et les Tuileries elles aussi se sont livrées à cet exercice. Les
artistes contemporains ont donc bien compris l’effet vivifiant de cette association
avec le plein air – je ne sais s’ils ont pensé aux enfants, plus faciles à
apprivoiser dans ce cadre, mais tant mieux ! Reste à souhaiter que ce
tandem art et jardin se développe dans d’autres directions, sans se limiter aux
sculptures et installations ni aux seules créations les plus récentes : si
le Louvre part en province, pourquoi ne pourrait-il pas se mettre au vert ?

Jardin Tino Rossi (Musée de sculpture en plein air) - 2, Quai Saint-Bernard - 75005 Paris
Ouvert tous les jours, 24h/24.
Accès libre et gratuit, ouvert aux vélos, poussettes, trottinettes etc.
Festival des Danses sur Seine, de début juin à fin août.
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